La crise sanitaire en cours et les mesures de confinement qui s’en sont suivies ont bouleversé les équilibres économique. Un très grand nombre d’entreprise sont durement touchées. Le secteur de l’aéronautique est particulièrement concerné.

En effet la réduction drastique du nombre de vols internationaux et les incertitudes qui pèsent sur un éventuel retour à la normal conduit les compagnies aériennes à reporter ou annuler leurs commandes d’appareils neufs, voire à se tourner vers le marché de l’occasion. 

Les constructeurs comme Airbus ou boeing, qui ont bâti leur empire industriel sur un réseau complexe de sous-traitants soumis à des contraintes importantes et à des cadences élevées tournent au ralenti depuis le début de la crise.

Accompagné de mon collègue député européen Manuel Bompard, j’ai reçu dernièrement les représentants syndicaux de l’usine Aubert & Duval de Pamiers, et rencontré le directeur business unit du groupe, dans le but de mieux appréhender la situation que traverse l’entreprise et d’éclaircir les rumeurs concernant la volonté supposée du groupe Eramet, qui possède Aubert & Duval, de s’en séparer.

L’usine tourne au ralenti depuis le confinement. Eramet a annoncé en juin qu’elle lançait une “revue stratégique” sur Aubert & Duval, et qu’elle étudierait toute les options. Le moral des salariés est au plus bas, selon la CGT, qui estime toutefois que l’accord de gestion de crise qu’elle a signé en juillet est un premier pas positif qui précède l’obtention de l’Activité Partielle de Longue Durée (APLD) pour au moins 3 ans. Mais aux dernières nouvelles, malgré d’âpres négociations, la direction a décidé de limiter la durée de cet APLD à seulement 6 mois.

Pour SUD Industrie, la crise sanitaire ne fait que révéler des dysfonctionnements antérieurs et précipiter des décisions que la direction avait déjà l’intention de prendre. C’est en tout cas ce que laisse penser le récit que les représentants nous ont fait de la dernière visite de la PDG d’Eramet, Madame Bories, qui aurait fait un commentaire indiquant que l’usine embauchait 300 salariés de trop.

La direction reconnaît l’existence de difficultés antérieures à la crise, mais nous assure qu’elle est déterminée à se donner les moyens de préserver non seulement les emplois, mais aussi et surtout les savoirs-faire.

Quoiqu’il en soit, une chose est sûre, le risque de voir disparaître tout ou partie des emplois est bien réel. Il se manifeste d’ailleurs de manière brutale avec la fermeture annoncée de l’usine MKAD à Varilhes, société fille d’Aubert & Duval, qui emploie aujourd’hui 48 personnes. Partout en Ariège les entreprises sous-traitantes de l’aéronautique, dont elle dépendent parfois jusqu’à plus de 80% de leur Chiffre d’Affaire, sont dans la tourmente.

Face à cette situation, tous les élu·es du territoire doivent combiner leurs efforts pour proposer des alternatives crédibles aux fermetures de site, aux licenciements massifs et à la perte des savoirs-faire.