Ces derniers jours, il a fait : 35°C en Sibérie, plus de 40°C en Inde, jusqu’à 44°C en Grèce, voire même, 49,6°C au Canada. Des milliers d’hectares de forêts sont partis en fumée. 15 000 ha par exemple en Californie. Depuis 2010, 6500 indiens sont morts de vagues de chaleur. Mais tout va bien. Circulez, il n’y a rien à voir.

En France, les député·es du bloc de droite (LREM-LR-FN) semblent davantage préoccupé·es par la tenue vestimentaire de certaines filles ou femmes ou des danses républicano-compatibles dans les mariages. Les médias relaient abondamment des débats surréalistes sur le burkini ! Force est de constater qu’à chaque crise ou presque, la diversion identitaire n’est pas loin. Quand le sage nous montre la catastrophe écologique en cours, l’idiot regarde la couleur du doigt.

Voilà qu’un petit village du Canada, Lytton, au nord-est de Vancouver, a été récemment rayé de la carte. Balayé à 90% par les flammes en moins de 15 minutes. Le dôme de chaleur, responsable de quelque 700 morts au Canada ces derniers jours, semble plus efficace que l’action politique des dirigeants censés garantir l’intérêt général et la sécurité de leurs compatriotes. Le thème de l’insécurité du quotidien nous a été servi sur un plateau lors de la campagne pour les régionales, avec son lot de promesses sur les caméras de vidéosurveillance, les policiers dans les lycées, les trains, la rue, etc. Pourtant, comme le dit le journaliste et essayiste Hervé Kempf, « l’insécurité, aujourd’hui, est écologique. Le reste du bruit médiatique est un paravent pour détourner l’attention. ». En effet, ces élections régionales et départementales auraient pu être l’occasion de débattre de mesures non seulement compatibles avec les compétences de ces échelons territoriaux, mais également essentielles dans un contexte de crise écologique majeure. Transports en commun gratuits, conditionnalité sociale et écologique des aides aux entreprises, investissements d’avenir, ou encore alimentation dans les cantines des collèges et lycées. Mais de tout cela, on en a très peu entendu parler.

Par ailleurs, de la même manière qu’un pré-rapport du GIEC a récemment fuité, dont les conclusions liminaires ont été brièvement repris par les médias, nul doute que l’on oubliera vite ce triste record de 49,6°C au Canada. Et que l’on n’évoquera pas, par exemple ce récent rapport du WWF (réalisé conjointement avec le ministère des Sports), qui nous indique que, dans un scénario à +4°C dans les prochaines décennies, l’activité sportive des français·es pourrait diminuer de deux mois. Faire de l’exercice physique avec des canicules toujours plus fréquentes, deviendrait en effet très compliqué. Dans un scénario à +2°C, ce serait 24 jours de pratique sportive en moins. Le réchauffement climatique aurait, en outre, des effets indirects sur les équipements sportifs, notamment les sites d’activités nautiques le long des côtes françaises, dont le WWF note la nécessaire relocalisation d’un quart des clubs d’ici la fin du siècle, ceci dû à la montée des eaux. 

Cet exemple pour dire que le réchauffement climatique a déjà des effets concrets y compris dans notre pays. Il est grand temps que la classe politique et les médias mainstream le mettent à l’agenda. Pouvons-nous, seulement, compter sur eux ? Il est surtout grand temps de mener la lutte pour 2022, en esquissant une union populaire à même de lutter contre cette hégémonie culturelle.