Cette année encore, malgré la promesse du Président de la République de ne pas fermer de classe en milieu rural, la carte scolaire décidée en février par le Directeur des Services Départementaux de l’Éducation Nationale (DSDEN) en Ariège laisse un goût amer aux enseignant.es et aux parent.es d’élèves.
Avec neuf fermetures de classe pour seulement quatre ouvertures dans le primaire, et l’équivalent de quatre à cinq postes d’enseignant.es qui disparaissent dans le secondaire, la casse du service public se poursuit dans notre département.

Comme chaque année depuis mon élection, j’ai rencontré le DSDEN afin de discuter avec lui des situations particulières des différents établissements concernés par ces changements, après avoir pris le temps de consulter les représentant.es syndicaux.ales. Au cours de mon mandat, j’aurais rencontré trois directeurs différents, mais les arguments invoqués par le nouveau DSDEN pour justifier ses décisions sont toujours les mêmes : baisse des effectifs (plus de 500 élèves en moins sur deux ans) et différentiel d’encadrement important entre la métropole toulousaine et l’Ariège. Nous devrions même nous estimer heureux.ses, car cette année le Recteur n’a pas demandé que nous rendions des postes. Pourtant, comme je le dis souvent, personne ne les a volés, je ne vois donc pas pourquoi il faudrait les rendre !

Quoiqu’il en soit, les logiques comptables qui sont à l’œuvre détériorent les conditions de travail des personnels de l’Éducation nationale et la qualité de l’encadrement pédagogique des élèves. Par exemple, le lycée Pyrène de Pamiers accueillera 15 élèves supplémentaires en septembre mais voit sa Dotation Globale Horaire (DGH) amputée de 75h, avec pour conséquence la suppression de deux divisions. Il faut donc s’attendre à avoir des classes de 36 ou 37 élèves. A Mirepoix, qui avait déjà perdu une classe de maternelle il y a deux ans, c’est une classe de l’école élémentaire qui va disparaître, malgré la mobilisation des parents d’élèves. J’aimerais évoquer aussi la situation des AESH, qui accompagnent les élèves en situation de handicap notamment. Ces personnels n’ont toujours pas de vrai statut et leurs conditions de travail continuent de se dégrader, en particulier depuis la mise en place des Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés (PIAL). J’ai reçu certain.es d’entre eux.elles et interpellé le gouvernement à leur sujet.

Restructuration, optimisation, mutualisation… Ces concepts technocratiques continuent leur œuvre de sabotage de nos services publics, poussant une partie croissante de la population à s’en détourner, ce qui aggrave encore le phénomène. Un véritable cercle vicieux dont le gouvernement ne semble absolument pas prêt à sortir. Avec ce gouvernement c’est la mort du service public au bénéfice du privé qui est annoncée. La baisse des effectifs constatée à l’école est amplifiée par une déscolarisation croissante. La décomposition du service public de l’Éducation nationale a des conséquences. Aujourd’hui, environ 500 enfants seraient concernés par l’instruction en famille (IEF), soit deux fois plus en 2020 qu’en 2021. Le covid n’est pas le seul responsable. Les écoles privées captent, elles aussi, un nombre de plus en plus important d’élèves.

Chacun.e est libre et je me suis déjà exprimé à ce propos : le fait que des enfants bénéficient de l’instruction en famille ou partent dans des écoles privées, avec pour seule boussole l’intérêt supérieur de l’enfant, relève de la liberté individuelle. En revanche, je n’aurais de cesse de défendre l’école publique et son maintien dans les territoires, car toutes les familles ne peuvent pas ou ne souhaitent pas assumer une instruction en famille, ni une scolarisation privée, à chaque fois qu’une fermeture de classe dans l’école publique est décidée.

C’est pourquoi je salue l’engagement constant des syndicats et j’invite les parent.es d’élèves et tou.tes les citoyen.nes à les soutenir, comme je continuerai à le faire moi-même, pour défendre l’école publique, la qualité des enseignements prodigués à nos enfants et des conditions de travail dignes pour les personnels de l’Éducation nationale.

Source image : http://umap.openstreetmap.fr/fr/map/ecoles-en-ariege-2021-2022_594839#10/42.9122/1.6603