Le football constitue sans doute le meilleur exemple de l’emprise de l’argent et du secteur privé sur le sport. Salaires qui tutoient les étoiles, clubs qui s’endettent, milliardaires à la rescousse…

D’un sport populaire et accessible, le football, professionnel pour le moins, est peu à peu devenu une activité marchandisée à l’extrême qui fétichise la compétition entre clubs et entre joueurs. Nous déplorons cette tendance générale de financiarisation et de privatisation à outrance du sport. La création en avril 2019 de l’Agence Nationale du Sport, groupement partenarial public-privé en passe de remplacer le ministère des Sports, n’est que la consécration du désengagement progressif de l’Etat dans les politiques sportives. Pour inverser cette tendance de fusion entre le sport et l’argent, nous souhaitions instaurer les dispositions  suivantes. 

Tout d’abord, nous proposions d’interdire les partenariats public-privé dans le domaine sportif, afin de libérer le sport de l’argent. Par exemple, dans le projet de loi de finances 2021, 3,34 millions étaient consacrés à l’indemnisation du concessionnaire du Stade de France (Bouygues et Vinci) pour ses pertes d’exploitation suite à des travaux (changement de l’éclairage du stade de France et rénovation de son auditorium). Quelle est la pertinence de ce modèle économique dans lequel les pertes sont socialisées et les bénéfices privatisés ? L’Etat a investi 191 millions d’euros sur les 361 qu’ont coûté le stade, mais il a aussi versé l’équivalent de 119,5 millions d’euros au Consortium Stade de France, en guise d’indemnité pour absence de club résident. On peut également rappeler que le Consortium Stade de France avait demandé à l’Etat une indemnité pour compenser ses pertes d’exploitations liées à la période d’indisponibilité du stade lors de l’organisation de l’Euro 2016 pour plus de 7,5 millions d’euros ! La cour d’appel de Paris a débouté la société de sa demande. Dans le même temps, au cours des quatre dernières saisons, plus de 4 000 clubs de football amateurs ont cessé leurs activités, particulièrement dans le monde rural, ils doivent à présent faire face aux conséquences de la crise sanitaire et les aides prévues par le Gouvernement ne leur permettent pas de survivre. Le Gouvernement fait le choix de privilégier le sport business au détriment du sport populaire. 

De même, nous visions à sanctuariser le produit de la taxe Buffet, c’est-à-dire le mécanisme de solidarité entre le sport professionnel et les pratiques amateurs (taxe sur la cession de droits de retransmission d’événements sportifs français). Il s’agissait de tirer les leçons de l’affaire Mediapro, consortium sino-espagnol qui avait racheté il y deux ans les droits de retransmission du football à prix fort, mais qui s’est, en fin d’année dernière, désengagé, mettant en péril la vitalité des clubs professionnels et par conséquent la survie des clubs amateurs. Notre proposition se traduisait de la manière suivante : si un diffuseur décide de rompre un contrat ou souhaite le renégocier, les sommes qui devaient financer le sport amateur sont malgré tout versées. 

Dernière disposition d’ampleur, il s’agissait d’interdire en France la publicité sur les paris sportifs en ligne. Nous nous appuyions notamment sur un reportage de Mediapart, publié le 22 février dernier, intitulé “Dans les quartiers, les paris sportifs font des ravages”. En effet, les sociétés de paris sportifs usent parfaitement des codes des publics visés : Winamax par exemple martèle « grosse cote, gros gain, gros respect ». Le spot publicitaire montre un jeune homme gagner un pari puis “se faire porter aux nues devant tout un quartier qui l’admire et s’incline”. Un supporter de l’OM, qui a perdu plusieurs milliers d’euros perdus et s’est fait accompagner pour sortir de son addiction, explique également que des flyers Betclic étaient distribués à l’entrée des matchs et que le bookmaker offrait 10 euros de mise à chaque but de l’OM. L’article cite également toutes ces situations dans lesquelles les jeux de paris en ligne ont eu des conséquences catastrophiques pour les publics concernés, psychologiques mais aussi financières, avec des pertes avoisinant parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros.  

D’autres dispositions proposées par la France Insoumise et moi-même allaient dans le même sens, par exemple la rédaction d’un rapport parlementaire sur la rémunération des agents sportifs. Pourtant, la majorité LREM, aveugle aux délires et aux déboires d’un sport marchandisé, a fait preuve d’aucun intérêt sur ces amendements, les déclarant tous irrecevables, à l’exception de celui sur les partenariats public-privé, rejeté en hémicycle. 

 

Extrait des débats en vidéo :