Dans la lignée de ce qui avait été annoncé dès la campagne des présidentielles de 2017 par le candidat Macron, puis répété plusieurs fois durant le quinquennat, on pouvait s’attendre à un grand projet de loi visant à rendre le sport accessible à toutes et tous sur le territoire, peu importe les revenus de chacun.
Malgré l’engagement du groupe parlementaire de la France insoumise et moi-même, avec une multitude de propositions sérieuses et constructives, ce texte n’a pas été à la hauteur de nos attentes. Nous soutenions pourtant plusieurs dispositions visant à démocratiser le sport en France. Celles-ci ont fait l’objet, soit d’une déclaration d’irrecevabilité, soit d’un rejet en hémicycle. En voici quelques-unes.
Sur un volet financier, nous défendions différentes mesures, parmi lesquelles l’expérimentation, au niveau national, d’un pass sport, outil déjà utilisé sur plusieurs territoires locaux. Il s’agissait de lutter contre les barrières financières qui empêchent parfois certains parents de financer une licence sportive pour leur enfant, du matériel, une carte d’abonnement à une piscine municipale, mais aussi d’ouvrir un volet éducatif pour éviter de ne se cantonner qu’à l’aspect consummériste… L’argent ne doit plus constituer une contrainte à la bonne santé des enfants. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les enfants et adolescents de 5 à 17 ans doivent pratiquer « au moins 60 minutes quotidiennes d’activité physique, d’intensité modérée à forte ». Seulement, des études indiquent que 6 enfants sur 10 n’atteignent pas ces recommandations. Au-delà de 10 ans, chez les filles notamment, 15% à peine arrivent aux recommandations de l’OMS. Nous devons user de tous les leviers possibles pour améliorer la santé de nos enfants. Expérimenter un pass sport aurait pu nous permettre d’avancer dans une lutte contre la sédentarisation.
Nous proposions également, pour répondre aux contraintes financières de nombreuses familles, de favoriser la gratuité des activités sportives pour les populations les plus pauvres, et de promouvoir la fixation des coûts d’accès en fonction des revenus et de la taille des familles. Comment comprendre le titre de cette proposition de loi, qui prétend avoir pour objectif de démocratiser le sport en France sans qu’aucune mesure ne soit prise afin de permettre aux citoyens les plus pauvres d’avoir accès aux activités sportives ? Selon le Baromètre national des pratiques sportives 2020 publié en février 2021 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), “la pratique sportive reste très dépendante du niveau de vie : un quart des hauts revenus, seulement, n’ont pratiqué aucune activité sportive au cours de l’année écoulée, contre 42 % des titulaires des bas revenus”. Cet écart s’est encore aggravé depuis en deux ans. De nombreuses familles ont également renoncé à la pratique sportive suite à la crise sanitaire. Selon le dernier baromètre réalisé par Ipsos pour le compte du Secours populaire 18% des Français·es ne peuvent pas boucler leur budget sans être à découvert à la fin du mois. 40% des français, dont 64% des plus pauvres se restreignent sur la qualité de leur alimentation pour une question d’argent. Comment alors conserver une activité sportive dans ces conditions ?
Nous défendions également d’autres dispositions visant à favoriser un sport pour tous, notamment un plan national et conséquent de rénovation et de construction d’équipements sportifs (stades, piscines et gymnases notamment), en partenariat avec les collectivités territoriales (dont les dotations seront « dégelées ») et dans le respect de normes environnementales fortes, pour réduire les inégalités et stopper la concurrence entre les territoires. La proposition de loi visait, dans l’un de ces articles, à mutualiser les équipements sportifs des collèges et lycées. Mais mutualiser, ce n’est en aucun cas les rénover ou en construire de nouveaux : il s’agit simplement de partager l’existant qui est insuffisant. Comment cela peut-il contribuer à assurer un accès aux équipements sportifs au plus grand nombre ? Ce plan a également été refusé. Les député·es de la majorité, avec leurs vision néolibérale et austéritaire, ne traduisent aucunement le titre de leur proposition de loi en actes. Il s’agissait pourtant d’un sujet essentiel, en termes d’émancipation, de bien-être, de santé publique, de lien social…bref un acte constitutif de notre république.
Extrait des débats en vidéo :
Le sport amateur n’a pas les moyens nécessaires pour survivre et la fracture se creuse avec le sport professionnel. Nous réaffirmons notre conception d’un sport populaire ouvert à tou•te•s et solidaire dans la loi. #PPLSport pic.twitter.com/cQJrk31Im8
— Michel Larive (@Michel_Larive) March 18, 2021