Nous défendons l’idée d’un sport populaire, solidaire, émancipateur et ouvert à tous. Pourtant aujourd’hui, notre vision est loin de représenter le fonctionnement du monde sportif.
Les actes et insultes racistes et homophobes constituent toujours le quotidien de certains pratiquants professionnels et amateurs. Les personnes ayant un handicap ne bénéficient que très peu de la même manière que le reste du public des équipements sportifs. Dès lors nous soutenions plusieurs amendements visant à pallier à ces injustices du quotidien.
Sur le volet handicap, nous proposions notamment que l’Etat reconnaisse officiellement les Jeux Olympiques destinés aux athlètes sourd(e)s, les « Deaflympics », au même titre que le sont les Jeux Olympiques et Paralympiques aujourd’hui. Les sportifs sourds ne sont en effet, ni admis aux jeux paralympiques en tant qu’ils ne sont pas considérés porteurs de handicaps physiques et sensoriels à l’exception des athlètes porteurs de handicaps auditifs, ni admis par le Comité National Olympique et Sportif Français, qui s’occupe les sportifs non handicapés aux Jeux Olympiques. Il en résulte que les sportifs sourds concourent, depuis 1924, aux « Deaflympics », dont le comité organisateur est reconnu par le Comité International Olympique (CIO) depuis 1955… mais pas par l’Etat français. Cela a des conséquences sur les sportifs médaillés des épreuves des Deaflympics, notamment le caractère discriminatoire de cet état de fonctionnement, qui amène des sportifs de haut niveau médaillés à abandonner leur carrière, et ne favorise pas la démocratisation du sport français au profit des jeunes sourds et malentendants.
Concernant le handicap, nous portions également l’idée d’un plan de mise en accessibilité des équipements sportifs aux publics concernés. En effet, la loi de 2005 sur le handicap rendait obligatoire une telle disposition en 2015. Mais, faute de moyens, en 2021 l’objectif n’est toujours pas atteint. De même, le Pôle Ressources National Sport et Handicaps a proposé de nombreux aménagements afin d’accroître l’autonomie des personnes en situation de handicap dans les gymnases, de renforcer la qualité et le confort d’usage pour tous, et de garantir au plus grand nombre l’accès aux activités physiques et sportives, et au spectacle sportif. Mais cela n’est pas mis en œuvre car les collectivités territoriales n’ont pas les ressources nécessaires. Ces deux amendements sur le handicap ont été, déclaré irrecevable pour l’un, rejeté pour l’autre.
Sur le volet de la lutte contre les discriminations dans le milieu sportif, nous avons défendu la lutte contre les LGBTphobies, avec deux amendements proposés par le Collectif Rouge Direct. D’une part, conditionner l’agrément d’une fédération à la mise en place réelle, c’est-à-dire à la fois contrôlée et évaluée, d’un plan d’action, de formation et de sensibilisation sur les LGBTphobies. D’autre part, au même titre que des actes racistes et xénophobes, condamner à un an d’emprisonnement et quinze mille euros d’amendes des insultes, commentaires et actes LGBTphobes, dans le Code du Sport. Il s’agissait de répondre à un tabou dans le milieu sportif, à savoir l’homosexualité et le caractère banal d’insultes et actes homophobes. Comme l’explique le sociologue Sylvain Ferez dans un article de Libération, le sport moderne hérite d’un mouvement profondément hétérosexuel, où l’usage du corps s’inscrit dans une perspective utilitariste, à la fois « juste et efficace ». Dès lors, cette vision du corps conduit à l’affirmation d’une « virilité froide et pragmatique », excluant de fait l’homosexualité. Par ailleurs, les sociologues canadiens Jim McKay et Suzanne Laberge ajoutent que le sport est construit sur un éthos masculiniste fondé sur la rudesse, l’esprit de compétition, la marginalisation des femmes et surtout l’exclusion des gays. Dès lors, le corps féminin et tout autre corps apparenté à un manque de masculinité hétérosexué sont relégués à un registre inférieur. Nous avions donc pris la décision de porter ces deux amendements. L’un d’entre eux a d’abord été jugé recevable…. avant d’être déclaré irrecevable le lendemain matin ! Comme je l’ai indiqué en séance dans l’hémicycle, aucune volonté n’est affirmée pour construire un texte ambitieux, la majorité présidentielle demeure totalement bornée face aux propositions constructives de l’opposition.
Extraits des débats en vidéo :
🚨Recevable hier, l'amendement proposé par @RougeDirect, visant à lutter contre l'homophobie dans le #sport, était IRRECEVABLE ce matin ! Qui, en pleine nuit, arbitre de nouveau la recevabilité des amendements et leur conformité avec la Constitution ? VOUS DEVRIEZ AVOIR HONTE ! pic.twitter.com/O1cRXIsHDe
— Michel Larive (@Michel_Larive) March 18, 2021
Amendement, proposé par @RougeDirect, visant à lutter contre les discriminations #LGBT dans le sport ➡️ Rejeté !
— Michel Larive (@Michel_Larive) March 20, 2021
"Ce n'est pas parce que vous ne pouvez pas intégrer ce genre d'amendement, mais parce que vous ne VOULEZ pas !" #LoiSport #DirectAN pic.twitter.com/enL1pgE9mc