L’exaspération est à son comble. Les membres de l’éducation nationale n’en peuvent plus du manque d’anticipation et du mépris de leur ministre Jean-Michel Blanquer, adepte d’une communication politique plutôt qu’une communication respectueuse du personnel.
Après un protocole sanitaire de rentrée publié la veille, par voie de presse dans un article payant, le personnel de l’éducation nationale dans son ensemble, inspecteurs et directeurs compris, a mené une journée de grève et de manifestations le jeudi 13 janvier dernier. Journée à laquelle les député·es de la France insoumise se sont largement associé·es pour soutenir le corps enseignants. J’étais moi-même présent aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, notamment, dans le cortège parisien. Il s’agissait de la plus importante mobilisation depuis presque 20 ans, avec près de 78.000 personnes défilant à l’appel de tous les syndicats selon le ministère.
Et pour cause, le protocole sanitaire n’était pas du tout adapté. Il conduisait à ce que les parents doivent se déplacer pour venir chercher leurs enfants au moindre soupçon de cas contact, perturbant largement les journées de travail. Les enfants, déjà mis à mal psychologiquement par cette crise, étaient obligés d’effectuer des tests nasaux réguliers, avec une attente interminable, rendant très difficile la poursuite des enseignements pour les professeurs. Le nombre de tests requis a rapidement entraîné des problèmes logistiques, ce qui a provoqué un changement de protocole tous les deux jours, le ministère prenant conscience trop tard de l’inadaptation et de l’inapplicabilité de son protocole, beaucoup trop lourd.
Après un quinquennat de mépris envers les professeurs, qui voient leurs conditions de travail de plus en plus se dégrader et leurs rémunérations stagner alors qu’elles sont déjà en dessous de la moyenne européenne, les colères sont profondes. Au-delà de “Blanquer démission” largement scandé durant la manifestation, c’est l’embauche de personnel, des installations de purificateurs d’air et la fourniture de masques FFP2 qui sont revendiqués. En conséquence, des engagements sont pris, mais la défiance envers le Ministre est devenue si importante que les promesses ne suffisent pas.
D’autant plus qu’il s’est avéré que le ministre, lui, multiplie les manques de considération. Le week-end suivant la grève, Médiapart révélait que le Ministre était en vacances à Ibiza lors de la rédaction du protocole, pendant que le virus heurtait l’école de plein fouet. Tout un symbole. En réaction, une nouvelle manifestation a été organisée, marquée surtout par le refus initial de la préfecture de l’autoriser.
Il est clair que ce protocole bâclé n’est que le déclencheur de l’expression d’un mal plus général. Tout ceci est bien le symptôme de la casse systématique du service public de l’éducation, qui, comme beaucoup d’autres, est à bout de souffle et dont la crise sanitaire a révélé l’ampleur. Il ne tient plus que grâce à l’abnégation de son personnel, dont la vocation est toujours plus forte que les affronts répétés. Les organisations syndicales ne comptent pas en rester là et appellent à poursuivre la mobilisation avec une nouvelle journée de grève le 27 janvier.