J’ai signé une tribune collective le dimanche 13 septembre, pour demander un moratoire et un débat démocratique sur le déploiement de la 5G, au moins jusqu’à l’été 2021.
Notre tribune est tout d’abord une demande de démocratie. Nous souhaitons rappeler au Président de la République ses promesses, et notamment celle de respecter les conclusions de la Convention Climat. Parmi les 149 propositions votées par des citoyen·nes tiré·es au sort, la demande de moratoire sur la 5G était censée être retenue. Or, le gouvernement souhaite lancer les enchères pour la 5G pour septembre. Il veut aller au plus vite sur ce sujet, au prétexte de “l’innovation” et de la compétitivité. Il a même caricaturé les inquiétudes et les critiques suscitées par le déploiement de l’ultra haut débit mobile en France. Ce sont pour lui soit des « fausses idées », une défense du « modèle Amish » (vivre comme au XVIIIe siècle) ou encore le signe du retour à la « lampe à huile ». D’énièmes “petites phrases choc” qui visent à refuser le débat démocratique sur cette question d’intérêt public. Pourtant, même SFR et Bouygues Telecom ont annoncé souhaiter ralentir l’attribution des fréquences de la 5G ! Martin Bouygues a notamment déclaré dans une tribune au Figaro que ce n’était “pas une urgence pour la France”. Les opérateurs privés semblent donc davantage sensibles aux interrogations de la population que le gouvernement…
Ensuite, nous devons absolument prendre en compte les enjeux écologiques du déploiement de la 5G. Aujourd’hui, plus les générations de réseaux mobiles avancent (3G, 4G…), plus on monte en fréquence et plus la portée des antennes diminue. Avec cette nouvelle technologie, il faudra construire encore davantage d’antennes-relais, composées de gallium, un métal rare dont l’extraction est extrêmement polluante. La 5G représente en outre un besoin énergétique énorme : en Chine, les antennes-relais sont même éteintes la nuit pour en diminuer le coût énergétique.
C’est aussi un risque pour notre souveraineté numérique, dans le sens où l’inter-connexion généralisée peut amener à la surveillance généralisée, que ce soit par l’Etat, par des puissances étrangères ou par des multinationales. Avec les nouveaux objets connectés présents dans notre quotidien, les « data-center » de la 5G recueilleront (et vendront) encore d’avantage de nos données personnelles. Il faudrait prendre acte qu’il s’agit d’un risque important, d’autant plus lorsque c’est une entreprise chinoise (Wuawei), qui est leader sur cette technologie. Il ne s’agit pas, bien sûr, de prendre parti dans la guerre technologique entre la Chine et les Etats-Unis de Donald Trump, simplement d’observer que la dépendance à des technologies étrangères peut nous être préjudiciable.
Enfin, concernant les enjeux sanitaires de la 5G, je dois dire que cette question suscite le débat et doit être absolument évaluée, avant d’envisager le déploiement de cette nouvelle technologie. Car nous savons que l’exposition moyenne aux ondes va encore augmenter, le réseau de la 5G étant un réseau qui va s’ajouter aux autres déjà existants. Mais les études divergent sur les effets des ondes électromagnétiques sur la santé humaine et sur le vivant. Or, en l’absence de certitude, le principe de précaution doit s’appliquer ! Un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sanitaires) a été remis au gouvernement ce lundi 7 septembre sur cette question. Mais il est impossible d’y avoir accès ! Avec la France insoumise, nous demandons à ce qu’il soit rendu public.